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Découverte d’un champignon du bâtiment, une histoire folle

Le 28/05/2025 0

Cbediag decouverte d un champigon

 

Comment ce champignon a-t-il été découvert ?

 

Nous vérifions tous les champignons qui arrivent au labo avec une qPCR (ou PCR quantitative), à partir des 20 espèces critiques qui sont souvent retrouvées dans le bâtiment. À ce jour, la qPCR est l’outil le plus fiable en analyse biomoléculaire, car elle permet de détecter et quantifier avec une extrême précision l’ADN d’un organisme, même en très faible quantité.

Parfois, un champignon se retrouve en dehors de nos cibles. Depuis un an, nous avons donc décidé de faire en complément un séquençage de l’ADN de tous nos échantillons. Nous avons comparé la séquence de ce champignon aux bases de données internationales et elle n’y était pas. Soit la séquence était erronée, car cela peut toujours arriver, soit elle n’avait jamais été déposée sur les bases de données, pourtant très fournies. Pour résoudre ce problème, nous avons constitué une équipe de travail avec des mycologues. Après un travail très poussé, nous avons compris qu’il s’agissait d’une nouvelle espèce de champignon.

Pourquoi ne le découvre-t-on que maintenant ?

Certains champignons cherchent un endroit où ils vont pouvoir se nourrir sans avoir trop de concurrence. Ensuite, on ne les retrouve quasiment plus dans la nature. C’est le cas des champignons des habitations. Par exemple, le polypore des caves (Donkioporia expensa), que les diagnostiqueurs connaissent bien, est très fréquent dans les bâtiments et extrêmement rare dans la nature.

Je pense qu’il est là depuis très longtemps, mais ses caractéristiques font qu’il a probablement été classé dans d’autres espèces. Les polypores représentent un grand groupe de champignons. Leur surface, qui est en fait la partie reproductrice, est pleine de pores, de trous. Les caractéristiques visuelles entre certaines espèces sont minimes. Et puis, peu de gens s’y intéressent, or c’est un des groupes les plus fréquents dans le bâtiment.

Pourquoi l’avoir appelé Bjerkandera lecomtei ?

Pour donner un nom à champignon, il y a plusieurs possibilités. D’abord, en l’occurrence, l’outil d’analyse phylogénétique nous dit qu’il est très proche des Bjerkandera. En retraçant sa grille évolutive, nous voyons que son frère et sa grande sœur sont des Bjerkandera. C’est sa famille, même si ce n’est pas exactement le même être.

Ensuite, une solution logique consiste à donner un caractère du champignon en latin. S’il a de grandes spores, on l’appelle Gigaspora. En revanche, il est très mal vu de donner son nom à une espèce, par exemple en appelant celui-ci Sachot. C’est trop égocentrique. Cependant, les communautés taxonomiques tolèrent le fait de donner un nom qui rend hommage à une personne clé dans l’histoire de la discipline.

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